À nos membres, à nos lecteurs

C’est en mars 1973 qu’est paru le premier numéro de Kadath. Nous venons donc de fêter notre trentième anniversaire ; sans fastes particuliers mais avec une satisfaction certaine. Car au départ, les professionnels du secteur — éditeurs et libraires — nous donnaient une chance sur cent de tenir plus de quelques numéros. Encore aujourd’hui, le propriétaire d’une grande librairie bruxelloise qui nous fait l’amitié de nous distribuer depuis le début, s’étonne de notre incroyable longévité à chaque fois que nous lui rendons visite. La recette ? Elle est finalement très simple et se résume en un mot : passion. Passion de notre part, qui nous a fait surmonter les difficultés de tous ordres, humaines ou financières, les crises petites et grandes, le dédain d’abord affiché par le milieu universitaire, les tentatives de récupération aussi. Mais passion aussi de votre part, chers lecteurs qui nous avez suivis et encouragés, pour certains depuis le début de notre aventure. Trente ans, ce n’est pas encore une vie, mais c’est déjà une génération. En 1973, nous flirtions tous avec la trentaine. Aujourd’hui, nous avons en général l’âge d’être grands-pères et c’est le cas pour plusieurs d’entre nous. Mais l’âge n’a finalement pas beaucoup d’importance : on a l’âge de ses artères et de son enthousiasme et, de ce côté-là, nous nous portons bien, merci. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas eu de changements au sein de Kadath. Notre équipe n’est plus tout à fait la même aujourd’hui, et c’est bien normal. Certains ont quitté le navire en cours de route, d’autres nous ont rejoints. La relève a donc été assurée… mais dans une certaine mesure seulement et le noyau dur est toujours à la barre. En d’autres mots, notre petit cercle actif s’est rétréci. D’un autre côté (vous l’aurez constaté si vous êtes abonnés de longue date), la forme et le fond des articles ont évolué. Dans les années 70, il ne fallait guère plus d’un mois pour rédiger un article de difficulté moyenne. Aujourd’hui, le travail de recherche et de rédaction prend souvent de six mois à un an, voire deux années. C’est tout à fait normal dans la mesure où les études sont plus fouillées, plus pointues. Tous ceux qui creusent la terre le savent : la difficulté augmente avec la profondeur du trou… Autrement dit, il y a plus de travail, et moins de monde pour l’assumer. Bien sûr, nous nous sommes adaptés au fil des années à ces nouvelles conditions. D’où la formule actuelle de deux parutions annuelles, avec des textes nettement plus longs. Apparemment, vous ne vous en plaignez pas.

Qu’en est-il maintenant de l’évolution de Kadath dans… disons les cinq prochaines années ? On peut estimer que le ralentissement de la production que nous venons d’évoquer va progressivement s’accentuer. Ce qui nous conduit tout naturellement à envisager d’autres solutions à moyen terme. Par exemple, on peut penser à modifier encore la fréquence de parution, et passer à une publication annuelle qui pourrait se rapprocher davantage du livre. Ou alors, ne paraître que lorsqu’un numéro est “prêt”. On peut aussi envisager de changer carrément de support, en profitant de la grande flexibilité des moyens modernes tels Internet. Dans cette dernière hypothèse, ceux d’entre vous qui sont informatisés pourraient consulter un Kadath “online”, les autres recevant un exemplaire imprimé de la version électronique. Bien sûr, tout cela, ce ne sont que des pistes, des idées encore très théoriques issues des séances de “remue-méninges” (les “brainstormings” chers aux Anglo-Saxons) que nous organisons périodiquement. Bref, nous sommes à la recherche de solutions aux problèmes qui se poseront immanquablement. Nous n’en sommes pas là mais… éditer, c’est prévoir.

Pourquoi vous avoir raconté tout cela ? Tout simplement parce que, en tant que lecteurs mais aussi en tant que membres de l’association, vous êtes partie prenante dans cette belle aventure que constitue Kadath, et qu’il est de notre devoir de vous informer de ce qui se trame en coulisse. Ceci étant précisé, nous ne voulons pas nous limiter à une simple information car nous pensons que, vous aussi, vous pouvez agir. Bien sûr, la réponse idéale serait que plusieurs d’entre vous se découvrent une vocation de collaborateurs : vous l’avez compris, nous avons besoin en permanence de nouveaux rédacteurs, entre autres pour traiter la masse de documentation disponible et en faire des synthèses. Si donc vous êtes intéressés, n’hésitez pas à nous contacter. Cependant, l’objectif de cet éditorial va plus loin que cet appel à la collaboration, par ailleurs récurrent. Nous sommes à la recherche d’idées, de solutions qui nous permettraient de répondre aux défis (terme bien galvaudé mais néanmoins adapté à la situation) qui nous attendent. Nous vous posons donc la question : vous connaissez le contexte, vous savez où sont les problèmes ; y voyez-vous une ou des solutions ? Que feriez-vous si vous étiez membre du comité de rédaction ? N’hésitez pas à nous faire part de vos idées, même les plus folles ; surtout les plus folles. Nous attendons vos lettres, vos cartes postales, vos courriels avec impatience.

Jacques Gossart


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